Critique Kingsman : Services Secrets
Kingsman: Services Secrets
Matthew Vaughn, à qui
l’on doit les Kick-Ass et les
derniers X-Men, réinvente ici le film
d’espionnage avec Kingsman :
Services Secrets, un savant mélange de James
Bond et de Kick-Ass qui nous fait
vivre la vie d’un groupe d’espions peu commun durant plus de deux heures de
folie.
L’histoire du jeune
Gary Unwin (Taron Egerton), surnommé Eggsy, adolescent ayant perdu son père
très jeune et devant supporter un beau-père violent qui profite de sa mère,
rencontre Harry Hart, joué par un Colin Firth magnifique dans son costume trois
pièces. Eggsy va découvrir qu’Harry est en fait un espion, dont le nom de code
est Galaad, qui travaille au sein d’une unité d’élite appelée Kingsman, et que
son père a aussi fait partie de ce groupe. Eggsy souhaite alors rentré lui
aussi chez les Kingsmen et suit un entraînement avec d’autres candidats.
Pendant ce temps, Harry Hart prend part à une mission qui vise à empêcher
Richmond Valentine (Samuel L. Jackson), un millionnaire un peu gamin, de
détruire la plupart de l’humanité. Une mission qui pourrait bien coûter cher
aux Kingsmen…
Tout d’abord, quelques
mots, voire quelques phrases, sur l’image. Il y a une belle esthétique :
les plans sont bien cadrés, notamment dans les scènes de combat, qui sont assez
impressionnantes.
Les couleurs, parfois
saturées donnent un côté ‘festif’ à l’histoire, au moment du déclenchement des
implants par exemple, même si le terme festif n’est pas le plus adéquat dans ce
cas.
L’utilisation des
ralentis est intéressante dans les scènes de combat, on a plus de temps pour
savourer l’instant, avec un allongement du temps qui étire l’action au maximum
et on perçoit une sorte de douceur avec le ralenti alors que l’action est
plutôt brutale ici.
La caméra très mobile
de Vaughn nous offre de bons visuels avec des travellings et quelques
panoramiques bien gérés, que l’on peut une nouvelle fois retrouver dans les
scènes d’actions avec des plans séquences réussis, notamment lors de la scène
de l’église avec un travelling avant très rapide sur la main de Colin Firth
puis un retour en arrière brusque, tout cela avec habilité. C’est ce qui est
appréciable dans un film comme Kingsman,
où certaines scènes bougent plus que les autres, les plans sont soignés et on
voit ce qu’il se passe à l’écran, contrairement à d’autres films où
l’appréciation des combats est plus faible du fait que la caméra soit trop
mobile et que l’image devienne un fouillis sans nom. De plus, les raccords dans
le mouvement sont réussis, celui qui me vient en tête spontanément est le
moment où Colin Firth rentre dans la boutique du tailleur, on a un
pano-travelling qui suit son personnage depuis l’extérieur puis on passe à
l’intérieur, avec une caméra placé devant Colin qui le suit en
panoramique : il y a une certaine fluidité dans les raccords, qui sont
pour le coup plus agréables à l’œil.
On
remarque dans Kingsman l’influence de
plusieurs films : des vieux James
Bond avec une petite pointe de Tarantino. Je reviens justement sur cette
petite touche que l’on ressent avec une musique diégétique, amplifiée en
post-production, qui est en décalage avec l’action : le choix de Money for Nothing de Dire Straits est
assez étonnant pour démarrer le film avec une attaque en Afghanistan. Idem au
moment où Richmond Valentine déclenche les ondes de ses cartes SIM, on a droit
à Give It Up de KC & The Sunshine
Band, qui est une musique festive alors que Richmond est en train de faire
s’entretuer des millions de personnes. Un petit mot sur la bande originale que
je trouve sympathique et dont le thème principal est bien, il y a un bon
rythme.
Je
précise que ce que j’appelle ‘pointe de Tarantino’ est ce qui est comique et
décalé par rapport à la réalité montrée à l’écran.
Cela
se voit aussi dans les scènes de combat, comme dans la séquence de l’église où
le sang coule à flots et on a l’habitude de voir ça chez Tarantino.
D’ailleurs,
Samuel L. Jackson a été tellement présent sur les films du réalisateur de Pulp Fiction et de Reservoir Dogs qu’une part de lui-même est restée dans ses
personnages. Il signe ici un des rôles les plus comiques de sa carrière. Taron
Egerton est la petite surprise de ce film, le jeune acteur débutant une
carrière prometteuse. Colin Firth est impeccable ici : toujours une tenue
soignée et une élégance irréprochable, même les scènes d’action n’arrivent pas
à l’ébranler. On le retrouve dans Kingsman
comme un mentor et son personnage a un côté attachant. C’est, il me semble,
un de ses rôles les plus physiques et il s’en sort plutôt bien dans les films
de ce genre : une nouvelle facette de cet acteur britannique que nous
avions pu voir l’année dernière dans l’angoissant Avant d’aller dormir, où il jouait déjà aux côtés de Mark Strong.
Ce dernier joue ici le rôle de Merlin, un homme doué en informatique qui
s’occupe également de l’entraînement des futurs Kingsmen ; Mark Strong
offre ici un visage beaucoup plus positif
et avenant que dans certains de ces autres rôles et retrouve Vaughn, qui
l’avait dirigé il y a plusieurs années dans Stardust.
Enfin, je salue la petite prestation de Mark Hamill que l’on retrouvera
prochainement dans le septième volet de la saga Star Wars.
Kingsman : Services Secrets est
comme un hommage de Vaughn à ses films préférés et à ses ‘héros’ favoris où
les références cinématographiques sont présentes ; il arrive à placer ses
trois espions favoris en seulement quelques plans et avec de courtes répliques,
lorsqu’Arthur (Michael Caine, en forme pour jouer un espion au final peu
sympathique) évoque le partenaire canin d’Eggsy qui s’appelle JB, une référence
à James Bond, Jason Bourne et Jack Bauer. My
fair Lady est aussi présente dans un dialogue, on retrouve aussi les
gadgets improbables que l’on pouvaient trouver dans les vieux James Bond et on a l’impression que
Vaughn veut que les gens se disent que Kingsman
est un mélange de tous ces films mais avec la petite touche comique :
le tout donne alors une très bonne parodie des films d’espionnage
d’aujourd’hui, que Matthew Vaughn trouve trop sérieux.
Le
mélange des genres dans Kingsman est
ingénieux et bien équilibré : espionnage, action, comédie…tout est bien
dosé et Matthew Vaughn arrive toujours dans ses films à mettre plusieurs
genres, ses films sont, du coup, adapté à différents types de public : il
ravira les fans et pourra amener de nouveaux adeptes.
Je
terminerai sur une chose que j’ai apprécié, cela rejoint l’image mais mérite un
paragraphe à part : les scènes de combat. J’en parle depuis le début mais
je voulais attendre avant de développer ce point. Pour moi, Kingsman : Services Secrets fait
partie de ces films où les combats sont magnifiquement chorégraphiés, chaque
geste est calculé, chaque mouvement à sa particularité et on assiste à des
combats que l’on pourrait qualifier de danse au vu de la réussite dans leur
exécution. On voit qu’il y a une bonne synchronisation et les mouvements sont
bien placés, Colin Firth arrive à garder une élégance dans le combat, tout
comme Taron Egerton vers la fin du film. Colin Firth a cette classe et ce
sérieux qui rendent ces scènes plus ‘comiques’ qu’elles ne le sont dans la
réalité. On retiendra la scène de l’église, qui va sans doute devenir culte, où
le travail a dû être exigeant pour Colin Firth et les figurants. On voit qu’il
y a eu un grand travail de ce point de vue et je suis restée ébahie par ces
chorégraphies.
Je tiens à dire
que j’ai adoré le film et que je le trouve très réussi. Je pense qu’il s’agit
du meilleur de Matthew Vaughn pour le moment. On assiste à une projection drôle
et décalée, qui nous fait sortir de notre quotidien, et qui nous permet de
devenir un Kingsman d’un jour.
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